Présentation de la notation Laban

La notation Laban ou cinétographie Laban inventée et présentée par Rudolf Laban en 1926, transcrit les mouvements, tels qu’ils sont exécutés devant un tiers : la notatrice ou le notateur.
Rudolf Laban a inventé un système de décomposition du mouvement, cependant celui-ci ne se réduit pas, selon Jacqueline Challet-Haas à un artifice de description du visible, mais il s’agit du système réel du mouvement humain. La description du mouvement est liée au concept de kinesphère.
Eléments visibles, ils forment la structure qui deviendra danse. La notation Laban traduit la justesse des structures de mouvements. C’est l’esthétique, la justesse technique, qui se notent puis se transmettent avant d’être danse. L’invisible de la danse relève du danseur.
Les spécificités de la gestuelle de tout style sont préservées dans les partitions par l’écriture pour garder la trace de créations chorégraphiques.

La richesse des signes et leurs combinaisons permet d’indiquer les mouvements du buste, du haut du corps, les inclinaisons, les flexions, les courbures de la colonne vertébrale, le regard et l’orientation de la tête, la respiration, ainsi que les signes basiques des pas, leur niveau, la direction des bras, des jambes, les déplacements du centre de gravité. Ces éléments sont intéressants parce que l’écriture indique la dynamique, la durée, la force, le tuilage des mouvements et la conduite d’un geste. La partition des signes est superposée à la partition musicale. Comme l’écriture musicale, elle se compose de signes placés dans une portée.

Comprendre la portée

La portée verticale, lue de bas en haut, est composée de 3 lignes verticales, parallèles et équidistantes.
La ligne médiane représente l’axe anatomique, les signes placés à droite de cette ligne correspondent à des mouvements de la partie droite du corps et les signes placés à gauche représentent les mouvements de la partie gauche.
La portée se complète par des lignes imaginées, mais non tracées; dont 2 lignes à l’intérieur de la portée. Les interlignes, dans lesquels des signes s’inscrivent, sont nommés colonnes. De petits traits horizontaux sur la ligne médiane scandent le déroulement du mouvement dans le temps. La lecture se fait ainsi à la fois verticalement et horizontalement : les variations des mouvements sont tracées dans leur succession et dans leur simultanéité.

Chaque colonne est réservée à une partie déterminée du corps humain :

La notation Laban
  • les premières colonnes (de part et d’autre de la ligne médiane) portent les signes de support du poids et de transfert.
  • les deuxièmes colonnes portent les signes des mouvements de jambes(quand celles ci réalisent des gestes).
  • les troisièmes colonnes portent les signes des mouvements du haut du corps(le tronc).
  • les quatrièmes colonnes portent les signes des mouvements des bras.
  • les mouvements des coudes, des mains, des poignets, de la tête…, s’inscrivent dans des colonnes supplémentaires.

Texte de Jacqueline Challet-Haas et Angela Loureiro D Souza
Extrait de « Exercices fondamentaux de Bartenieff ». Editions Ressouvenances

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Pourquoi note-t-on la danse ? Que signifie « noter la danse » ? par Jacqueline Challet – Haas

La notation Laban ou cinétographie Laban est à mon sens la seule qui parte directement du mouvement et qui possède un même signe pour exprimer conjointement le temps et l’espace. Rudolf Laban, danseur et chorégraphe, est parti de l’observation de l’humain pour dégager quelques concepts de base comme la verticalité, la symétrie du corps et le sens de la progression.

Avec la notation Laban on transcrit le moindre déplacement visible, même infime. Mais on ne peut noter que ce que l’on voit, quelque chose qui a un début et une fin et qui se reproduit lorsque la pièce est redansée. Il n’y a pas que la forme qui s’inscrit dans ces petits signes : dès que vous utilisez un symbole qui rend compte aussi bien de la vitesse que du transfert de poids, la « couleur » du mouvement apparaît.
Mais attention, on ne note pas ce que le danseur doit penser quand il danse ! Comme pour la musique, l’interprète s’imprègne du texte, le digère, puis le joue ou le danse.
Lorsqu’une de mes élèves remonte quelques minutes d’un solo de Ruth Saint-Denis, je lui rappelle toutes ces années qui la sépare de la création. Elle est une personne d’aujourd’hui : elle investira donc dans l’œuvre sa propre mémoire, son héritage personnel. Une chose est cependant acquise, c’est le squelette du mouvement, précis et sans ambiguïté.
La comparaison avec la musique s’impose, tous les interprètes n’écrivent pas des symphonies, mais tous savent lire une partition et peuvent, ce faisant, hériter de toutes les musiques et danses éditées.

Cahier du Renard n°14 1993

Jacqueline Challet-Haas

Jacqueline Challet-Haas, fut l’élève de Albrecht Knust, disciple direct de Rudolf Laban.
Elle fonde le Centre National d’Ecriture du Mouvement (CNEM) à Crépy en Valois 60 800 en France. Elle enseigne l’analyse du mouvement et la notation Laban au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.
Traductrice de « La Maîtrise du Mouvement » de Rudolf Laban, paru chez Acte Sud en 1994. Auteur de la Grammaire de la notation Laban en deux volumes publiée par le Centre National de la Danse.
Vice-présidente de l’International Council of Kinetography Laban (ICKL)