Ouest France

Le 15 mars 2010

Danses Libres, le cadeau de Malkovsky

Suzanne et Alexandre Bodak ont transmis à Cecilia Bengolea et François Chaignaud le répertoire du chorégraphe méconnu.
« Quand Cecilia Bengolea et François Chaignaud m’ont rencontrée pour me faire part de leur intérêt envers le répertoire de François Malkovsky, j’ai pensé : c’est un miracle ! Ils m’ont fait le plus beau cadeau de ma vie! »
Pendant des années, Suzanne Bodak a oeuvré, dans l’ombre, à la transmission des chorégraphies de Malkovsky (1889-1982). Un répertoire composé de danses très brèves, sur tout des soli ou des duos, liées à – un thème ou une expression (La Mer,Jeunesse, Chanson matinale) et accompagnées au piano, sur des musiques de Chopin, Schubert, Debussy, Brahms, Dvorak…

Une danse d’utopie.

Institutrice, Suzanne Bodak a travaillé quotidiennement pendant cinq ans avec Malkovsky. Son époux, Alexandre Bodak, médecin, fut aussi le pianiste de Malkovsky pendant plus de vingt ans.
Leur connaissance et leur analyse de la danse libre les ont conduits aux Antipodes.
Au studio de danse, lieu idéal et dépouillé, la présentation du répertoire de Malkovsky, qui prit parti pour la grande danseuse libre Isadora Duncan, fut, pour le public, une expérience intense et émouvante.
~ C’est une danse d’utopie, qui fait du bien aux gens, ~ résumait Suzanne Bodak.
« La plus grande élégance est la plus grande simplicité », disait Malkovsky.

Sur scène, l’apparition de son élève Suzanne Bodak, magistrale et idéale, donnait corps aux propos du maître. Au piano, Alexandre Bodak épousait parfaitement les élans des danseurs.

Évolution organique.

Ravissante Danse avec voile, interprétée gracieusement par le jeune danseur Mickaël Phelippeau.
Expressive Lenio Kaklea, jeune danseuse grecque, qui rejoignait, dans cette recherche du «sens des gestes », Cecilia et François, dont elle était l’interprète dans Sylphides.
Avec cette deuxième création, si réussie, Cecilia Bengolea et François Chaignaud ont une nouvelle fois montré leur capacité « à se jeter dans l’inconnu ».
Du mémorable Pâquerette, où ils s’interrogeaient sur leur idéal sexuel, à Danses Libres, où leurs corps contemporains « idéalisent un mouvement naturel et sans entrave », les deux artistes associés du Quartz semblent faire le grand écart:
« Certes, nous ne voulons pas être catalogués ni reproduire les mêmes formules et les mêmes recettes, souligne Cecilia Bengolea. Mais de création en création, se dégage cependant une suite logique. Celle de notre évolution organique. »

Frédérique Guiziou