Naissance de la Danse Libre

«  Au début du XXe siècle, en Occident, la rupture avec les codes de la danse académique permit l’émergence de nouvelles esthétiques de la danse. La Danse Libre est l’une d’elles.
La danse libre prône un retour à lexpérience sensorielle du mouvement et des rythmes, un travail à partir de l’élémentaire organique du corps, la gravité, la respiration, l’élan, la tension–détente musculaire, et s’ouvre à l’imprévisible des formes. Elle met en place les éléments essentiels de la danse contemporaine : le déséquilibre, la chute, le mouvement pendulaire, dans la continuité des recherches sur le mouvement de Fr. Delsarte.

Un mouvement continu, qui s’organise autour de l’observation des mouvements et des forces naturelles rendues visibles par les vents, les vagues, les déplacements animaux. Les gestes les plus essentiels tels que marcher, lancer, balancer, rassembler, semer constituent la trame d’expérimentation des danses. Ces savoir-faire aboutissent à la conquête de la fluidité, des danses à flux continus, à des transferts de poids incessants. Ce travail encourage un délié plastique et fluide et sous-tend l’expressivité du danseur. Une relation étroite avec la musique est recherchée.

Le courant « danse libre » est lié aux divers mouvements politiques, il rejoint souvent les utopies humanistes de cette période, comme celles de Monte Verità. Il suscite une vaste pratique amateur provoquant l’éclosion de nombreuses écoles de danse.

Les pionniers de la Danse Libre

Isadora Duncan apporte la réalisation artistique la plus aboutie des enjeux de la danse libre.
En Allemagne Mary Wigman ouvre une école à Dresde en 1920. Elle y enseigne sa technique de danse libre, teintée d’expressionnisme. Jacqueline Robinson et Karin Waehner, ont été formées dans son école.

La danse libre gravite aussi autour des recherches d’Emile Jaques Dalcroze et de Rudolf Laban.

Dalcroze imagine un mode d’enseignement par la musique et pour la musique. Il instaure une pratique à visée éducative dont l’esthétique est fondée sur le rythme corporel, les tensions, les phrasés, le poids.
Rudolph Laban développe sa pensée à Monte Verità : il faut laisser le corps s’exprimer avec « son propre langage de rythme et de mouvement ». Il entend par « mouvements » ceux inspirés par la nature. Il a été le premier à poser les principes d’une danse où le mouvement devient la libre expression d’une émotion, d’un état d’âme. Ce sont les prémices de la Danse contemporaine. Il invente la cinétographie en 1928 en s’appuyant sur le concept de kinesphère.
Le renouveau esthétique apporté par la danse libre influence le travail de chorégraphes de tradition « classique » tels Fokine et Nijinski.

Multiple, la danse libre permet l’émergence de personnalités singulières, telles que : Ruth Saint Denis, Ted Shawn, le couple Sakharoff, les soeurs Wiesenthal,…
Autour d’Isadora naît ce que le critique Fernand Divoire appelle l’« école de Paris » avec, entre autres, Lisa Duncan et François Malkovsky.