Les Trois Coups

Le 14 mars 2010

Danses libres : chorégraphies de François Malkovsky (1889-1982), création, Le Quartz à Brest

Danse libre : ludique et enjouée

Danses libres est un spectacle à voir sous l’angle double de la représentation et de la démarche de conservation historique. La danse libre est en effet un concept inventé dans les années 1920 par François Malkovsky, et qui s’oppose aux contraintes de la danse classique et de ses codes d’entrave du corps. En ressort une esthétique en lien avec les éléments, la nature, la jeunesse, et qui souligne
la joie et l’expressivité corporelle. La rencontre de Malkovsky avec la danseuse Isadora Duncan avait contribué à cette recherche du geste libre, déjà influencée par l’analyse des mouvements instinctifs des animaux.

Ce style, composé de formes chorales et nécessitant d’ être transmis par un initié, est à l’origine de la danse moderne. Il était ici revisité de la manière la plus fidèle qui soit par quelques jeunes interprètes qui se sont formés pour l’occasion auprès de Suzanne Bodak, une héritière de ce courant.
Parmi eux, François Chaignaud et Cecilia Bengolea, artistes associés au Quartz et très présents dans les différentes créations présentées aux Antipodes. Par ces expérimentations, ils poursuivent leurs recherches de ce que peut être un corps dansant tout en redonnant de la visibilité à un courant esthétique très peu exploité dans les oeuvres actuelles.
En danse libre, la justesse du mouvement se ressent par le bien-être qu’il procure. Et ce bien-être est ici totalement partagé par le public, qui assiste à une chorégraphie ludique, très communicative dans sa simplicité et sa vocation de retour au naturel.

Ce récital d’une quinzaine de pièces, qui furent créées entre 1922 et 1948, possède un charme kitsch insoupçonné, rehaussé par la fidélité aux costumes d’origine : des tuniques de fausse inspiration antique.
Au son de Beethoven, Chopin, Schubert ou Brahms, les différents danseurs se sont donc succédé avec brio, gardant telle quelle la naïveté des mouvements, leur coloration désuète mais pleine d’énergie.
Il aurait été dommage de chercher à – moderniser – ces gestes, si particuliers et tombés dans un quasi-oubli, alors qu’ils s’inscrivent logiquement dans l’histoire de la danse contemporaine. Et il aurait été dommage de se priver, en tant que spectateur, d’un moment aussi réjouissant dans son évocation du corps exultant. Une prestation extrêmement épurée, se consacrant uniquement au mouvement
sans se préoccuper d’éclairages ou de scénographie, mais une prestation réussie dont on ressort unanimement enjoué.

Aurore Krol