MOUVEMENT – juillet 2010

Le 10 juillet 2010

Sans origine fixe de Gérard Mayen.

Une vive curiosité entoure Cecilia et François Chaignaud, très jeune paire de chorégraphes dont le festival Montpellier danse programme déjà une intégrale.
Continuité ?, défi ? dérivation ? Où situer leur démarche, au regard des esthétiques de la déconstruction dont ils sont issus?
« Ils nous faut ouvrir de quoi sont faits nos corps de danseurs contemporains. »
En liberté…

Outre Pâquerette, Sylphides, Castor et Pollux, Cecilia Bengolea et François Chaignaud performent d’autres essais, qu’on ne verra pas à Montpellier danse. dans cette périphérie se situe Danses libres : un projet en cours qu’ils impulsent avec Mickaël Phelippeau et Lénio Kaklea, auprès de Suzanne Bodak.
Depuis des décennies, cette dame se passionne pour la transmission du répertoire laissé par François Malkovsky, lui-même continuateur en son temps de la pensée et des formes indiquées par Isadora Duncan.
Septuagénaire, Suzanne Bodak se glisse parmi les jeunes interprètes. Le résultat électrise. Un assemblage d’une quinzaine de pièces très courtes use d’un vocabulaire de mouvements restreints. Mais ce peu s’articule dans une rigueur d’écriture extrême. Si liberté il y a dans ces danses, elle se trouvera dans une mobilisation imaginaire générant l’allant d’une ouverture de corps, acceptant sa suspension dans un ample déroulé de flux respiratoire. Cela suggère d’envisager, avec Chaignaud et Bengolea, que dans ce cas, « c’est le répertoire lui-même, et la technique qui le sous-tend, qui deviennent la contrainte de corps exceptionnelle  » avec laquelle ils travaillent.

Alors dans ce registre mineur, se dessine la question majeure de ce qui caractérise l’actuelle conception de l’interprétation contemporaine en danse, que relaient les formations ex.e.r.ce. , le CNDC, Bocal en son temps.
Peu de spectacles de danse donnent à percevoir autant que danses libres l’accent infime, cependant résolu, du pré-mouvement. à travers lui s’actualise l’archéologie du geste, se réalise la conscience de l’historicité, individuelle ou collective, qui le charge.
Enthousiaste dans son observation de danses libres, un Loïc Touzé peut y percevoir la marque de  » l’expérience de l’interprète primant sur toute idée préconçue d’une pièce « . et le mouvement d’un corps se concevant lui-même comme une étendue, une expansion historique. « 
Vu ainsi, il y a lieu de considérer que Cecilia Bengolea et François Chaignaud seraient en train de forger un chaînon suivant, plutôt que briser une chaîne de transmission, dans le cours des danses performances et de déconstruction.
Et en fait, de ne rien envisager ici à la façon d’une chaîne.

Fort joyeusement.