Danses libres et mémoire vive
Qui est François Malkovsky (1889-1982) ?
Un danseur, illustre inconnu au bataillon des répertoires, que les chorégraphes Cecilia Bengolea et François Chaignaud ont entrepris de ressusciter à travers le spectacle Hydra, programmé les 30 novembre et 1er décembre, à la Ménagerie de verre, à Paris (11e). Ce récital est composé d’une vingtaine de solos et de duos, d’une durée d’une à cinq minutes, interprétés dans les années 1920-1930 par Malkovsky à la Comédie des Champs Elysées, à Paris.
Il y a trois ans, sur les conseils d’une amie, Cecilia Bengolea et François Chaignaud débarquent dans le studio de Suzanne Bodak, 72 ans, élève de Malkovsky, qui donne un week-end par mois des ateliers à des femmes âgées de 60 à 80 ans. « On nous avait dit que ses danses faisaient du bien et, lorsque nous les avons découvertes, nous avons eu immédiatement envie de les apprendre« , raconte
Cecilia Bengolea. « Elles sont très agréables pour le plexus, entre autres, car elles mobilisent tout le corps dans un mouvement continu, ce qui est à l’opposé du corps contemporain fragmenté.«
Pendant deux ans, le duo de chorégraphes suit l’enseignement de Suzanne Bodak et découvre ces « danses libres », influencées par Isadora Duncan (1877-1927). « Malkovsky ne chorégraphie aucun sentiment négatif comme la rage, la folie, mais que des émotions nobles autour de l’amour, de l’amitié, de la beauté« , poursuit Cecilia Bengolea. « Sa gestuelle est portée par un désir de faire corps avec
la nature, le vent, les arbres, la mer… Une forme d’utopie romantique autour de l’homme et du cosmos mène son travail.«
Elan généreux
Le principe-clé du danseur réside dans la force première du regard : c’est lui qui conduit le mouvement, lui donne l’impulsion, relayé par le torse. Cet élan généreux fait circuler l’énergie dans tout le corps à travers un mouvement organique, jouant du ressac en douceur.
C’est en slip ou en string (comme Malkovsky), torse nu, le corps entièrement peint et orné de rubans que Cecilia Bengolea et François Chaignaud danseront Hydra, sur des musiques de Frédéric Chopin et Franz Schubert, interprétées au piano en direct par Alexandre Bodak, mari de Suzanne. Histoires de danse en famille.
Rosita Boisseau